Un salarié de France Télécom-Orange âgé de 57 ans s'est suicidé, mardi 26 avril au matin, en s'immolant par le feu sur le parking d'un des sites de l'entreprise situé à Mérignac, près de Bordeaux.
"Les secours arrivés sur place n'ont pu que constater le décès de ce salarié", a précisé la direction du groupe, ajoutant avoir mis en place une cellule psychologique. Arrivée sur place en fin d'après-midi, la directrice exécutive d'Orange France, Delphine Ernotte, a assuré qu'"une enquête sera[it] diligentée" sur le suicide du salarié, "en toute transparence avec les partenaires sociaux".
L'homme qui s'est suicidé était père de quatre enfants. Il était représentant du personnel pour la CFDT et préventeur, c'est-à-dire chargé des conditions de travail, de l'hygiène et de la sécurité, depuis plusieurs années.
UN CHANGEMENT DE POSTE "MAL VÉCU"
"L'ensemble du personnel est complètement submergé d'émotion, a indiqué Sébastien Crozier, responsable syndical (CFE-CGC - UNSA) à France Telecom. C'est l'horreur absolue." Selon lui, le salarié "avait été très affectée par la période de redéploiement, de suppression d'emploi" mise en place par l'ancien directeur du groupe Didier Lombard.
Cette politique de modernisation à marche forcée s'est notamment traduite par la suppression de seize mille emplois entre 2006 et 2008 et des mobilités contraintes. "Fonctionnaire à France Télécom depuis trente ans, il a changé souvent de poste, a indiqué François Deschamps, responsable CFE-CGC - UNSA de la région Sud-Ouest. Cette mobilité imposée lui avait fait vendre sa maison, il avait écrit à plusieurs reprises à sa direction et il n'avait pas eu de réponse à ma connaissance." François Deschamps, qui avait vu le salarié deux ou trois semaines plus tôt, ne l'avait pourtant pas "senti au pied du suicide". Il décrit une personnalité sociable. "C'était quelqu'un de très reconnu professionnellement, de très crédible."
"TOUT N'EST PAS RÉGLÉ À FRANCE TÉLÉCOM"
D'autres syndicats ont fait part de leur tristesse après ce suicide. "C'est un drame", a déclaré Pierre Dubois de la CFDT. La CGT a indiqué, de son côté, que ce suicide était "la démonstration que tout n'est pas réglé à France Télécom".
Ce suicide ravive en effet une plaie chez les salariés du groupe : le suicide de treize salariés en 2008 puis de dix-neuf en 2009, avait déclenché une importante crise sociale au sein de l'entreprise en 2009. Le système de management avait notamment été mis en cause, et Didier Lombard, PDG depuis 2005, montré du doigt. Il avait eu la maladresse d'évoquer une "mode du suicide", au plus fort de la controverse. Depuis, ce dernier a cédé les rênes opérationnelles du groupe, le 1er mars 2010, à l'actuel directeur général, Stéphane Richard, avant d'annoncer son départ définitif de l'entreprise en février 2011.
"Peut-on toujours détecter quelqu'un en période de fébrilité dans une entreprise de cent mille salariés. Peut-on être infaillible ? La preuve que non", a reconnu mardi la directrice exécutive, tout en affirmant que "toute la lumière, pour autant qu'on puisse la faire, sera[it] faite. (...) "Si ce drame devait renforcer quelque chose, c'est notre détermination qu'il faut poursuivre dans la voie engagée avec Stéphane Richard et continuer cette reconstruction."
Selon un décompte de l'Observatoire du stress et des mobilités forcées, créé à l'initiative de deux syndicats du groupe (SUD et la CFE-CGC - UNSA), on a encore déploré un suicide en 2011, survenu en janvier au domicile d'un salarié, et vingt-sept suicides et seize tentatives en 2010. Des chiffres que ne confirme pas la direction, qui dit ne pas vouloir établir de "comptabilité macabre".
Article repris de http://www.lemonde.fr/societe/article/2011/04/26/france-telecom-un-salarie-s-est-suicide-en-s-immolant-par-le-feu_1512911_3224.html
La souffrance au travail avait fait l'objet d'une année de séminaire :
ResponderEliminarTravail, Crise et Souffrance http://seminaire.samizdat.net/?debut_article_langue=10#pagination_article_langue