martes, 17 de mayo de 2011

L'analyse « gorzienne » de l'évolution du capitalisme par Carlo Vercellone

Carlo Vercellone
in Christophe Fourel (dir.), "André Gorz, un penseur pour le XXIème siècle", La Découverte, Paris,
pp. 77-98, 2009.

« Le capitalisme cognitif est le mode sur lequel le capitalisme se perpétue quand ses catégories ont perdu leur pertinence [ ]. Il n ' est pas un capitalisme en crise, il est la crise du capitalisme qui ébranle la société dans ses profondeurs.»2

     Ces phrases lapidaires résument avec force l'interprétation gorzienne de la portée et des enjeux de la mutation actuelle du capitalisme.
À la suite du passage du fordisme à un capitalisme fondé sur la connaissance et l immatériel, le capitalisme n aurait perdu que les éléments sur lesquels reposait jadis sa dynamique et, en quelque sorte, sa légitimité historique : le développement des forces productives et la réduction progressive, à l échelle sociale, de la dépense de travail consacrée à la « sphère de la nécessité ». La perpétuation de sa logique en ferait désormais un facteur de raréfaction artificielle de ressources et une pure force de destruction de l'environnement et de la vie elle-même.
Pour comprendre la manière dont Gorz aboutit à cette thèse, nous proposons de reprendre les étapes essentielles qui, depuis les années 1960, ont marqué son analyse de l'évolution du capitalisme. Nous rappellerons sa caractérisation des catégories de « l'économie capitaliste classique3 », propre au capitalisme industriel, en montrant les raisons qui l'ont ensuite conduit à affirmer que nous sommes confrontés à une rupture par rapport au mode de fonctionnement normal du capitalisme.
Pour ce faire, nous présenterons, dans un premier temps, les piliers théoriques de la conception gorzienne du capitalisme en ce sens qu'elle plonge ses racines dans une lecture hétérodoxe de l'héritage marxien et se nourrit d un souci méthodologique majeur : celui de combiner étroitement l'analyse rigoureuse de la dynamique du système capitaliste et la réflexion sur les conditions de son dépassement.
Nous montrerons ensuite comment, tout en gardant une forte cohérence interne, sa pensée a évolué dans le souci d appréhender le sens des transformations de l'après fordisme.
Nous insisterons sur sa contribution à l'hypothèse du capitalisme cognitif.

Capitalisme industriel et fordisme chez Gorz : les catégories de « l'économie capitaliste classique »
Gorz a forgé sa vision du capitalisme et de sa dynamique en « théoricien de l aliénation4 ». Dans ce cheminement, la référence au jeune Marx des Manuscrits de 1844 ainsi qu'à la Critique de la raison dialectique de Sartre, a joué un rôle premier. À ces fondements s'est ensuite ajoutée, dans une synthèse originale, l'influence des courants les plus novateurs et hétérodoxes de la pensée néomarxiste et radicale (de Marcuse à Marglin) sans oublier, à partir de la fin des années 1960, celle des théories opéraïstes italiennes.
Cette orientation théorique conduit Gorz à rompre avec les courants marxistes dominants à l' époque en France. Cette rupture se concrétise dans le rejet du matérialisme dialectique octroyant un sens prédéterminé à l'histoire et faisant du postulat de la neutralité sociale du développement des forces productives la condition objective censée préparer ipso facto l' avènement du socialisme. Elle s'exprime aussi, en opposition au marxisme structuraliste, dans l'affirmation de la nature indissociable des rapports d exploitation et d 'aliénation et dans le refus d'une conception du capitalisme comme « processus sans sujet ».
Ce double positionnement critique induit une caractérisation de la domination du capital, pensée comme une dimension totale, qui porte non seulement sur la distribution des richesses, mais aussi « sur la manière de les produire, sur le modèle de consommation et sur la manière de consommer, sur la manière de travailler, de penser, de vivre »5. Il en résulte aussi une lecture du marxisme qui, « en tant qu'humanisme de la praxis et du libre développement humain6 », permet de remettre au centre de l'analyse l'importance du « sujet », « de la divergence, de la lutte, du politique et potentiellement donc de l'émancipation, dans la dictature de la reproduction des structures7 ».

Gorz, à la différence du marxisme structuraliste, porte son attention tout autant sur les structures que sur les relations subjectives autour desquelles se nouent les rapports de domination comme les processus de libération individuels et collectifs. Il nous livre ainsi une lecture de l histoire du capitalisme ouverte et ambiguë. Une histoire dont le mouvement est en grande partie lié au jeu complexe et à la tension entre l hétéronomie et « l'exigence » d'autonomie des sujets qui habitent les structures et luttent pour les transformer et s'en émanciper.
Trois idées fondamentales permettent de comprendre quels sont pour Gorz les fondements de « l'économie capitaliste classique » qui s affirme avec la révolution industrielle, puis le sens de la rupture représentée par le capitalisme cognitif.

Le rôle moteur de la rationalité économique du capital et la loi de la valeur
Le capitalisme est un système économique guidé par la logique du rendement maximal, que Gorz appelle la « rationalité économique du capital ». Elle consiste à fabriquer des marchandises en vue de maximiser le profit, en produisant toujours plus avec « moins d' heures de travail et avec moins de capital [ce qui permet] d abaisser le coût salarial mais aussi le coût en capital [matériel] par unité de produit8 ». Selon Gorz, cette logique présente, sur plusieurs plans, une ambivalence économique et sociale essentielle qui a nourri « l' utopie industrialiste » au sens de « la vision du futur sur laquelle une civilisation règle ses projets, fonde ses buts idéaux, ses espérances9 ».
D' une part, sur le plan des besoins, elle a permis au capitalisme, contrairement aux modes de production antérieurs, de développer la production en s'émancipant des limites étroites qui prédéfinissaient traditionnellement ce qui était « appréhendé comme suffisant10 ». Nous avons là l'un des principaux ressorts du formidable développement des forces productives impulsé par le capitalisme industriel et de son idéologie du progrès fondée sur le « lien entre plus et mieux ». Cette autonomisation de la logique du capital ignore pourtant les besoins collectifs pour ne s ' intéresser qu'aux besoins solvables en incorporant « de plus en plus de superflu dans le nécessaire de manière à couvrir tous les besoins par la consommation maximale de produits et services marchands11 ».

Plus encore, elle tend intrinsèquement, si elle ne rencontre pas l opposition de la société, à s' émanciper de toute contrainte sociale, culturelle, environnementale, et à étendre l'emprise des rapports marchands à ce que Polanyi appelle les « marchandises fictives ».
Dès ses premiers écrits, Gorz souligne ainsi la tendance du capital à s'approprier des ressources naturelles gratuites en anticipant avant la lettre une critique écologique du capitalisme. En somme, les forces productives du capital sont aussi des forces aliénantes et destructrices de la nature et du potentiel d'émancipation de l'homme12.
D'autre part, la logique du rendement maximal, la rationalité économique du capital, définie comme la recherche du plus avec le moins, suppose la possibilité du calcul économique et notamment de la productivité du travail qui doit pouvoir être « mesurée en soi comme une grandeur quantifiable, détachée de la personnalité singulière du travailleur13 ». C'est dans cette logique que se trouve le fondement historique de la loi de la valeur : elle fait du temps de travail immédiat consacré à la production et mesuré en unités de travail abstrait simple, non qualifié, le critère essentiel de la rentabilité économique, la mesure et la substance de la valeur d échange. Elle pose également l'expansion du royaume de la marchandise comme le moyen exclusif du développement de la richesse sociale et de la satisfaction des besoins.
La loi de la valeur temps de travail se présente ainsi comme l'expression concrète de l'entreprise de rationalisation, d assujettissement et d abstraction du contenu même du travail qui a fait du temps de l horloge, puis du chronomètre les moyens par excellence pour quantifier la valeur économique issue du travail et en prescrire les modes opératoires. C'est dans cette logique que se trouve l origine du travail aliéné, du travail sans phrase, impersonnel et totalement asservi à la science incorporée dans le capital fixe.
Cependant et c'est un point crucial sur lequel le capitalisme industriel a pu asseoir l'adhésion (y compris du mouvement ouvrier et socialiste) à son idéologie du progrès , la rationalité économique du capital incarnée par la loi de la valeur contenait aussi une dimension « utopique » : la décroissance continue du temps de travail nécessaire à la production de masse de marchandises matérielles et donc la baisse de leur valeur individuelle ont pu se présenter comme moyens de « libérer l humanité de la rareté » et, du moins potentiellement, de réduire au minimum, à terme, la contrainte au travail hétéronome et aliéné14.

Le travail-emploi entre aliénation et conflit
Au centre du capitalisme se trouve le travail abstrait, et donc ce que Gorz appelle le « travail-emploi ». L'originalité de la contribution de Gorz sur ce point est de présenter le rapport salarial en insistant à la fois sur son caractère conflictuel et sur son ambiguïté intrinsèque qui tend à rendre « travail et capital [ ] fondamentalement complices »15 .
Le travail-emploi est la négation même du travail, au sens anthropologique du terme, pensé,
à la suite de Hegel et de Marx comme activité d expression et d extériorisation de soi. Il devient un simple moyen de gagner sa vie dans une activité subordonnée dont le contenu, la nature comme les finalités sont hétérodéterminés.
Le salariat est ainsi dominé et rendu conforme à la logique du capital d un double point de vue.
Sur le plan des modes de vie, « le seul but à sa portée [du travailleur salarié] est l'argent du salaire et ce qu'il peut acheter. Le travail marchandise engendre le pur consommateur de marchandises » qui finit par percevoir « l'argent comme ce qui peut tout racheter symboliquement »16. En somme, « le travailleur réduit à une marchandise ne rêve que de marchandises » et, progressivement, se trouve intégré et soumis aux normes de consommation forgées par le capital. Certes, ce processus n est pas linéaire. La tendance du capital à soumettre l'ensemble de la société et des rapports sociaux à la logique de la marchandise se heurte constamment à la résistance des salariés.
Ainsi, durant la première phase de développement du capitalisme industriel, lorsque le salariat est encore une composante minoritaire de la population active, la reproduction de la force de travail s oppose à la logique du capital visant à le contraindre à « acheter tout ce dont [il a] besoin». C est « l'époque héroïque du syndicalisme, des coopératives ouvrières, des mutuelles » qui conduisent leur lutte « au nom du droit à la vie » sur la base d'une échelle de besoins qui demeure encore largement extérieure à la production capitaliste.
Mais ensuite, notamment avec le développement du modèle fordiste de la production/consommation de masse, la généralisation du rapport salarial ira de pair avec un
bouleversement des conditions d existence du salariat. Cette dynamique se traduit par l' instauration d'une norme de consommation de plus en plus soumise à l'accumulation du capital. Dans ce cadre, la valeur d usage perd toute naturalité et neutralité sociale. Pour l'accumulation du capital, il s'agit de plus en plus de fabriquer non seulement des marchandises pour des consommateurs, mais de façonner la subjectivité des consommateurs pour les marchandises à écouler.
Sur le plan de l'organisation de la production, le facteur subjectif du travail est relégué parmi les facteurs objectifs. Le travail est pensé comme une activité mécanique qui vise à rendre le capital variable homogène au capital constant. Cette tendance qui elle aussi sera remise en cause dans le capitalisme cognitif nous conduit à la troisième idée fondamentale sur le mode de fonctionnement de « l économie capitaliste classique ».

Le développement de la division du travail comme rapport de savoir et de pouvoir
Selon Gorz, aucune exigence technique objective ne préside au développement des forces productives. L objectif du profit et celui de la domination du capital sur la force de travail sont étroitement imbriqués. Le développement capitaliste de la division du travail exproprie les travailleurs du contrôle du produit, puis du procès de travail, en séparant, autant que faire se peut, la conception de l'exécution. Le savoir, nous dit Gorz en citant Marx, est « un instrument qui peut se séparer du travail et même lui être opposé17 ». C'est ainsi que la rationalisation taylorienne, puis fordiste du travail a détruit la figure de l'ouvrier professionnel du XIXe siècle, encore proche de celle de l'artisan vertueux maîtrisant pleinement les savoirs techniques nécessaires à la production.
La critique gorzienne de la division capitaliste du travail nous livre ainsi deux enseignements majeurs.
Le premier concerne la manière dont la dynamique du changement technique et organisationnel intègre toujours étroitement les exigences de contrôle de la force de travail, de telle sorte que, sur le mode de la loi de Gresham18, le mauvais modèle productif peut chasser le bon, comme l'a montré, entre autres, l'exemple du démantèlement de l'expérience d Uddevalla19. En fait, « la technologie capitaliste et la division capitaliste du travail ne se sont [ ] pas développées en raison de leur efficacité productive prise en elle même, mais en raison de leur efficacité dans le contexte du travail aliéné et forcé, c est-à-dire assujetti à un but qui lui est étranger20 ».
Le second enseignement a trait au caractère inconcevable de tout projet de dépassement du capitalisme où l'appropriation des moyens de production n'est pas associée à la remise en cause de l'organisation capitaliste du travail.
Sur ces bases, et considérant les conflits sociaux qui, à partir de la fin des années 1960, ébranlent le modèle fordiste, Gorz dessine les contours d'un processus de transformation sociale devant s'attaquer aux différentes dimensions de l'aliénation capitaliste dans la sphère des besoins et du travail. La construction de nouveaux modes de vie permettant de réorienter la production et les besoins devait aller de pair avec la capacité de traduire le refus du taylorisme en un projet autogestionnaire.
Dans des passages saisissants de Réforme et révolution21 où il anticipe nombre de thèses relatives à l'analyse du travail immatériel, il identifie, dans la montée de la dimension intellectuelle du travail, l'une des conditions du réalisme de ce projet. À cette époque, pour Gorz, l'essence du communisme est pensée, au sens de Marx, comme le dépassement et la suppression de la division capitaliste du travail : le développement de l'autogestion dans les entreprises comme dans la société est le moyen par excellence de s approcher de cette perspective en conciliant « émancipation du travail » et « émancipation dans le travail ».
Mais, par la suite, face aux transformations du postfordisme, la réflexion autour de ces deux termes d'un processus de libération fera l'objet d'une analyse tourmentée qui trouvera, selon nous, une nouvelle synthèse dans les derniers essais de Gorz.

Du fordisme au capitalisme cognitif : les conceptions de l après-fordisme
Durant les années 1980 et jusqu'au milieu des années 1990, la réflexion de Gorz sur la dynamique du capitalisme connaît une bifurcation. La rationalité économique du capital et son mode d organisation du travail dans la sphère de l'hétéronomie sont désormais considérés par Gorz comme un horizon indépassable compte tenu de « l inappropriabilité de la masse des savoirs nécessairement spécialisés qui combine la production sociale »22. Plus encore, sous l'influence d'Ivan Illich, cette thèse est étendue à l'ensemble des institutions structurant le fonctionnement de la « mégamachine industrielle bureaucratique », y compris les services collectifs du Welfare State. Il s'ensuit aussi un changement profond dans le mode de penser l ' émancipation du travail salarié. L'autogestion et, plus généralement, l'« émancipation dans le travail » s'effacent devant le constat qu'au niveau microéconomique la « logique du capital » serait la « seule forme de rationalité économique pure » et qu'« il n y a pas d'autre façon économiquement rationnelle de conduire une entreprise que la gestion capitaliste23 ». La sortie du capitalisme ne peut donc plus être pensée comme le renversement de la division capitaliste de travail.
Cette vision cède la place à une approche s'inspirant de Polanyi, où le dépassement de la domination du capitalisme est conçu comme l'encastrement et la subordination restrictive des activités économiques régies par la rationalité du capital à des valeurs et à des objectifs sociétaux et écologiques.
Premières interprétations de l'automatisation et de la crise de la société salariale
Plusieurs facteurs expliquent ce tournant. Les désillusions politiques liées à l'épuisement du cycle des luttes nées de 1968 et les enseignements tirés de l'effondrement des systèmes planifiés du socialisme réel ont sans doute joué un rôle important. Mais l'impact décisif vient de l'interprétation de l'évolution du capitalisme qui, sous l'effet combiné des politiques de désinflation compétitive et de la révolution microélectronique, conduit à l'éclatement de la société du travail.
C'est la fin irréversible du modèle fordiste de plein-emploi et, avec lui, de la centralité de la classe ouvrière en tant que sujet historique du projet d'émancipation du salariat. Il en découle un dualisme économique et social de plus en plus marqué entre une élite de travailleurs qualifiés, attachés à leur entreprise et bénéficiant de la sécurité de l'emploi et une masse croissante de chômeurs et de travailleurs déqualifiés, soumis à une insécurité structurelle. La réflexion de Gorz sur le sens et les enjeux de cette évolution débouche sur un projet de société qui se propose de supprimer ce dualisme régressif garanti/non garanti pour le remplacer, comme le remarque Denis Clerc24, par une « société dualiste » d'une toute autre nature. Une société dans laquelle l'emprise de la sphère de la rationalité économique le « travail hétéronome et de la nécessité » serait drastiquement réduite, grâce notamment à une réduction généralisée du temps de travail, au profit de l'expansion d'une société du temps libéré assurant l'épanouissement du « travail privé pour soi » et d'« activités autonomes » non marchandes. Deux aspects de l'analyse gorzienne de la restructuration postfordiste méritent plus particulièrement d être rappelés.
Le premier concerne la nature de la révolution microélectronique et robotique. Gorz y identifie déjà une tendance lourde susceptible de conduire au-delà de la loi de la valeur et vers l'abolition du salariat : « Dans l'usine entièrement automatisée, la quantité de travail vivant tend vers zéro en même temps que la valeur économique (au sens marxiste) du produit et que le pouvoir d 'achat distribué sous forme de salaires. Autrement dit, l'automation abolit les travailleurs en même temps que les acheteurs potentiels25. » La répartition du revenu permettant d assurer un débouché à la production ne peut donc plus se fonder sur le travail-emploi et la mesure du temps passé à la production. Elle doit reposer même si Gorz ne pousse pas encore l'idée jusqu'à défendre un revenu d'existence indépendant de l'emploi sur « des distributions de pouvoir d achat extérieures au circuit économique classique, c'est-à-dire ne reposant pas sur des échanges marchands et ne rémunérant pas un travail »26.
Le second aspect concerne le développement de l'emploi précaire dans le tertiaire, notamment dans les services personnels marchands à bas salaires. Cette évolution que nombre d ' économistes considèrent encore comme le remède par excellence au chômage, apparaît à Gorz comme la marque du délitement de l'un des principaux éléments sur lesquels reposait jadis une certaine force progressive de la rationalité économique du capital.
L'expansion de ce secteur d'activité ne conduit en effet pas, à l'échelle de la société, à une économie de temps de travail qui permettrait de libérer du temps pour une production additionnelle de richesse et/ou pour garantir, virtuellement, une hausse du temps libre pour tous.
Nous avons là, au contraire, une simple répartition inégale du temps de travail, rendue possible par la polarisation néolibérale de la répartition des revenus, qui permet à une élite de travailleurs identifiés au culte hyperproductiviste du travail de bénéficier des services d'une domesticité moderne, composée d une masse croissante d'individus dans l'impossibilité de retrouver un emploi et une rémunération décents.
Notons enfin qu'à cette étape de la réflexion l'analyse de Gorz reste en partie tributaire de l' idée d'une continuité substantielle avec la logique de développement de la division du travail propre au capitalisme industriel. Cette posture, comme il le reconnaîtra plus tard, l'empêche alors d ' intégrer « les perspectives ouvertes par le postfordisme, l'informatisation généralisée, la dématérialisation et l'intellectualisation du travail »27. Elle contribue aussi à expliquer l'établissement d une frontière trop nette entre la sphère du travail hétéronome et de l'économique, d une part, et la sphère de l autonomie et du non-économique, d'autre part.
Le capitalisme cognitif comme « crise du capitalisme tout court »
Avec Misères du présent, richesse du possible et L Immatériel, la réflexion de Gorz se renouvelle. Celui-ci complète et enrichit son analyse antérieure des effets de la robotisation et du développement des services à la personne.
Dans ce changement de perspective, le dialogue indirect engagé avec la réflexion menée dans la revue Futur antérieur28 sur les thématiques du general intellect et du travail immatériel, a une influence décisive. Ce dialogue, qui comporte aussi des polémiques passionnées mais toujours constructives, le mène à analyser les métamorphoses du travail en prenant en compte non seulement la manière dont elles se manifestent sous la forme du développement du capital fixe, mais aussi, du côté du travail vivant, sous la forme du développement d'une « intelligence collective ».

C'est dans la continuité de cette démarche que s inscrit sa réflexion autour du capitalisme cognitif29. Par ce concept, on entend le passage du capitalisme industriel à une forme nouvelle de capitalisme, dans laquelle « la dimension cognitive et intellectuelle du travail devient dominante et l'enjeu central de la valorisation du capital et des formes de la propriété porte directement sur la transformation de la connaissance en une marchandise fictive30 ». Gorz apporte au débat sur le capitalisme cognitif une contribution essentielle en formulant la thèse selon laquelle « le capitalisme cognitif est la crise du capitalisme tout court31 ». Pour ce faire, il met en exergue tant les contradictions objectives qu'écologiques, subjectives et existentielles du capitalisme cognitif.
Un premier élément crucial de l'analyse par Gorz du capitalisme cognitif concerne la métamorphose du rapport capital/force de travail liée à la diffusion des technologies de l' information et de la communication (TIC), mais aussi à la montée en puissance de la dimension intellectuelle et immatérielle du travail. Le rôle stratégique joué jadis par le capital fixe comme forme principale de la propriété et du progrès technique est relayé par des actifs immatériels (marque, brevets, droits d auteur), et notamment par ce que Gorz appelle le « capital humain ». C ' est désormais l'« intelligence collective » qui se présente comme la « principale force productive». La centralité du travail matériel, mesuré en unité de travail abstrait simple, cède la place à celle « du travail immatériel auquel les étalons de mesure classiques ne sont plus applicables32 ».
Plus fondamentalement, dans une « économie fondée sur la connaissance », c'est désormais dans la société et non dans les entreprises que s'opère l'essentiel du processus de création des savoirs et des richesses qui ne seront appropriées et exploitées par le capital que dans un deuxième temps. Les activités de formation, d'autoformation, de partage des savoirs menées dans le temps dit « libre » comptent au moins autant que la sphère du travail salarié et de l' univers marchand. Elles sont à l'origine de l'éclosion de formes de coopérations sociales et productives alternatives qui ne sont pas directement finalisées par l'activité productive hétéronome et constituent désormais la source première d'une richesse qui échappe aux critères étriqués de la comptabilité nationale. La valorisation du capital repose, elle, essentiellement sur la mise au travail et sur la prédation de la richesse produite à l'extérieur du système économique, à travers des mécanismes de plus en plus parasitaires.
Nous avons là, nous dit Gorz, une « économie première faite d'activités, d'échanges et de relations non marchandes33 », une « autre économie » qui coexiste avec l'économie formelle marchande, dans un rapport de domination et de conflits qui pourrait conduire à la rendre hégémonique. Aussi la rencontre entre l'intelligence collective et les TIC fait-elle de l'appropriation collective du travail et des moyens de travail une perspective à nouveau plausible, sous une forme inédite qui s incarne, comme dans le modèle du logiciel libre, dans la figure d'un nouvel « artisanat high-tech ».
Aucun automatisme n'assure pourtant le passage de l'autonomie formelle à l'autonomie réelle de la force de travail34. Au contraire, souligne Gorz, le travail immatériel va de pair avec le développement de nouvelles formes d'exploitation et d'aliénation encore plus redoutables que celles mises au point par le taylorisme, taylorisme dans lequel subsistait une frontière assez nette entre le temps du travail et de la subordination, d'une part, et le temps libre, soustrait, du moins formellement, à l'emprise de l'employeur, d autre part.
Pourquoi ? Parce que la principale source de la valeur réside désormais dans l'intelligence, les savoirs et la force d invention des salariés, et non dans les connaissances formalisées détenues par le propriétaire du capital et le management des firmes. Dans le nouveau capitalisme, « le travail suppose une implication de toute la personne [qui] ne peut être commandée35 ». Il nécessite la mobilisation, au service de l entreprise, de l'ensemble des facultés et des savoirs qui proviennent justement de ce travail de « production de soi » qui se réalise dans ce que Gorz qualifiait auparavant de sphère du « travail pour soi et de l'autonomie ».
Le modèle taylorien de la prescription des tâches cède ainsi la place à celui de la « prescription de la subjectivité », où l'enjeu central devient « le contrôle total de l'esprit des collaborateurs et de leur temps »36. Il s'agit d'obtenir des salariés l'intériorisation des objectifs définis par la direction afin de bénéficier gratuitement de leur « mobilisation totale » et, plus encore, de façonner un mode de penser qui conduit effectivement le travailleur à concevoir soi-même et l ensemble de ses activités comme un investissement dans son capital humain, comme s il n était plus un salarié mais un entrepreneur de soi même.
Dans le capitalisme cognitif, les formes classiques de l exploitation peuvent alors s'associer et prendre « l'apparence de l auto-exploitation ou de la servitude volontaire ».
C'est pourquoi, selon Gorz, dans le capitalisme cognitif, la production de subjectivité devient plus que jamais un terrain de conflit central.
Sur ce conflit se greffent d'autres difficultés structurelles relatives au fonctionnement du nouveau capitalisme. Elles concernent la particularité même du « bien commun » connaissance et son caractère irréductible au statut de marchandise et de capital. Pour comprendre cet enjeu crucial, il faut souligner la manière dont la connaissance a des propriétés particulières qui la différencient radicalement des marchandises classiques. Il s' agit, selon la théorie économique, de son caractère « non rival, non contrôlable et cumulatif». Autrement dit, la connaissance ne se détruit pas dans la consommation.
Au contraire, elle s'enrichit lorsqu'elle circule librement entre les individus, chaque nouvelle connaissance naissant d'une autre connaissance. De plus, « la connaissance n'est pas originairement accumulée pour servir de moyen de production, mais pour satisfaire le besoin, la passion de connaître, c'est-à-dire pour pénétrer la vérité de ce qui est au-delà des apparences et des utilisations37 ». C'est pourquoi l'appropriation privative de la connaissance n'est réalisable qu'au moyen de l'établissement de barrières artificielles à l'accès et se heurte à des obstacles majeurs qui tiennent tout autant à l'exigence éthique des individus qu'à la manière dont l'usage des TIC rend de plus en plus difficile l'exécution des droits de propriété intellectuelle (DPI).
Incompatibilité substantielle entre capitalisme cognitif et économie de la connaissance
La tentative de transformer la connaissance en une marchandise et en un capital engendre ainsi une situation paradoxale, dans laquelle plus la valeur d 'échange de la connaissance augmente artificiellement, plus sa valeur d'usage sociale baisse du fait même de sa privatisation et de sa raréfaction. Finalement, le capitalisme cognitif ne peut se perpétuer qu' en entravant le développement des forces productives et les facultés créatrices des agents à la base d'une « knowledge based economy ». Il existe, en somme, une incompatibilité substantielle entre le capitalisme cognitif et l'économie de la connaissance qui « contient donc en son fond une négation de l économie capitaliste marchande38 ».
Par ailleurs, le « potentiel de négativité » du nouveau capitalisme ne consiste qu'à rendre artificiellement rares des ressources abondantes et gratuites. Il s'exprime aussi dans l'accélération d'une logique de prédation et de raréfaction des ressources naturelles non renouvelables. En fait, le capitalisme cognitif ne supprime pas la logique productiviste du capitalisme industriel. Il la réarticule et la renforce à travers une « alliance » du capital et de
la science qui met les nouvelles technologies au service d'une quête de standardisation et d' appropriation/transformation marchande du vivant qui accentue les risques de destruction de la biodiversité et de déstabilisation écologique de la planète.
L'épuisement définitif de l idéologie du progrès du capital fondée sur le « lien entre plus et mieux » va de pair avec la crise des catégories fondamentales de l'économie politique : le travail, la valeur, le capital. Cette crise est à la fois une « crise de la mesure » et, de manière plus fondamentale, une crise de la rationalité économique incarnée par la « loi de la valeur » qui se manifeste à l'échelle tant microéconomique que macroéconomique.
En ce qui concerne le travail, le caractère hétérogène et non prescriptible du travail dit « cognitif » ne permet plus, dans nombre d activités productives, de l'évaluer selon une norme de mesure objective en termes d'unités simples de temps de travail abstrait, comme dans le taylorisme. Le travail cognitif se présente par essence comme l'enchevêtrement complexe d'un travail intellectuel de réflexion, de concertation, de partage et d'élaboration des savoirs qui s'effectue tant en amont que dans le cadre du travail immédiat de production. Le travail mesuré au temps passé et certifié dans l'entreprise n'est le plus souvent qu'une fraction du temps social effectif de travail.
La crise de la mesure du travail, poursuit Gorz, est étroitement associée à la « déconnexion patente entre valeur et richesse », ce qui illustre de manière exemplaire « la crise du capitalisme dans ses fondements épistémiques »39. Pour comprendre cette affirmation il faut rappeler comment, pour l'économie politique classique, la valeur (des marchandises) dépend des difficultés de la production et donc du temps de travail et diffère radicalement de la richesse qui, elle, dépend de l'abondance et de la valeur d' usage. La logique capitaliste de la production marchande avait ainsi trouvé une sorte de légitimité historique dans la capacité de développer la richesse en produisant toujours davantage de marchandises avec moins de travail et donc à prix de plus en plus faibles, en permettant de satisfaire une quantité croissante de besoins véritables et/ou superflus.
Dans le capitalisme cognitif, cette liaison est rompue, voire inversée, pour deux raisons essentielles. D'une part, l'emprise des rapports marchands s étend à des biens, comme la connaissance et le vivant, mais aussi les cultures, les modes de vie, etc., qui constituent des biens communs de l'humanité irréductibles, dans leur essence, à des marchandises et à des valeurs économiques trouvant leur substance (et mesure) dans le temps de travail. D'autre part, pour un nombre croissant de marchandises, les coûts de production ou de reproduction en termes de temps de travail sont très faibles et dans certains cas tendent vers zéro. Les prix de ces marchandises et donc les profits qui leur sont associés devraient connaître une baisse proportionnelle.
L'extension et le renforcement des DPI sont les moyens privilégiés pour empêcher cette évolution, en maintenant les prix des marchandises artificiellement élevés au moyen d'artefacts institutionnels. C'est ainsi que brevets et droits d auteurs visent à clôturer la connaissance, tandis que l'investissement dans l'image de marque mène à un formidable approfondissement de la dimension purement symbolique des marchandises et devient le vecteur d'une production culturelle de subjectivité assujettie au capital. Finalement, le capital est conduit à développer de plus en plus de mécanismes rentiers de raréfaction des ressources dans sa tentative de maintenir en vigueur, de manière forcée, la primauté de la logique de la marchandise et d'empêcher le passage vers une société fondée « sur la gratuité et l'abondance ».
Enfin, la place désormais prépondérante du capital immatériel échappe, elle aussi, à toute mesure objective. Elle marque la perte de pertinence de la catégorie même de capital qui s' était affirmée avec le capitalisme industriel, et où ce dernier se présentait essentiellement sous la forme de « travail mort » accumulé dans des machines, propriété exclusive du capital, déterminant la nature et les conditions du travail40.
Dans le capitalisme cognitif, le nouveau et principal capital fixe est l'intelligence collective. Il est « constitué de l'ensemble des rapports sociaux et de vie [ ] qui se sédimentent dans la force de travail ». Par conséquent, ce nouveau capital fixe « n'est pas du travail accumulé et ne peut pas prendre la forme valeur. Il est d'essence sociale, commun à tous »41. C'est pourquoi « la valeur [boursière] de ce capital est purement fictive : elle repose en grande partie sur l'endettement et le goodwill, c'est-à-dire sur des anticipations42» des profits futurs effectuées par les marchés financiers sur la base d'une logique autoréférentielle destinée inéluctablement à éclater, « en menaçant le système mondial de crédit d'effondrement, l'économie réelle d'une dépression sévère et prolongée »43. Cette dynamique, marquée par la succession de crises de plus en plus graves, n'est pas, selon Gorz, le produit d'une mauvaise régulation de la finance. Elle traduit « tout simplement la difficulté intrinsèque à faire fonctionner le capital intangible comme un capital, à faire fonctionner le capitalisme dit cognitif comme un capitalisme »44.
Dans ses derniers essais, Gorz nous livre ainsi une interprétation des profondes contradictions du capitalisme actuel qui met en évidence une humanité confrontée à une bifurcation historique. Elle ferait de la « sortie du capitalisme », sous une forme « civilisée ou barbare », un horizon inéluctable. Si beaucoup resteront sceptiques devant cette prophétie, il n'en reste pas moins que la gravité de la crise actuelle, marquée par la conjonction d'une crise financière et économique mais aussi écologique majeure, confirme en grande partie le diagnostic de Gorz et nous invite à trouver, dans sa réflexion, les outils indispensables pour penser une sortie de crise par le haut.

1 La rédaction définitive de cet article doit beaucoup à la lecture attentive et aux remarques de Jean-Marie
Monnier et de Farida Sebai que je tiens à remercier.
2 L Immatériel, op. cit., p. 81-82.
3 Voir André GORZ, « Économie de la connaissance et exploitation des savoirs », Multitudes, n° 15, 2004.
4 « Entretien avec André Gorz », in Françoise GOLLAIN, Une critique du travail, op. cit, p. 222.
5 Réforme et révolution, op. cit., p. 199.
6 Ibid., p. 200.
7 Alain LIPIETZ, « Gorz et notre jeunesse », Multitudes, n° 31, 2008, p.166.
8 Métamorphoses du travail, op. cit., p. 15.
9 Ibid., p. 22.
10 Capitalisme, socialisme, écologie, op. cit., p. 32.
11 « Entretien avec André Gorz », loc. cit., p. 222.
12 Critique de la division du travail, Seuil, Paris, 1973.
13 Capitalisme, socialisme, écologie, op. cit., p. 137.
14 Métamorphoses du travail, op. cit.
15 Écologica, op. cit., p. 133.
16 Ibid., p. 134.
17 Critique de la division du travail, op. cit., p. 14.
18 Selon laquelle « la mauvaise monnaie chasse la bonne ». Cette loi porte le nom du commerçant et financier anglais
Sir Thomas Gresham (1519-1579) et se base sur la constatation empirique selon laquelle lorsque deux monnaies
circulent sur un territoire, les agents économiques thésaurisent la « bonne » monnaie, et n'utilisent que celle qui est
considérée comme « mauvaise » pour leurs transactions.
19 Misère du présent, richesses du possible, op. cit. pp. 60-65. Dans l usine de montage Volvo d Uddevalla,
en Suède, entre 1987 et 1993, l expérience la plus poussée de dépassement du taylorisme dans l industrie
automobile a été menée. Le principe de la chaîne de montage comme celui de la ligne de fabrication en
phases successives sont supprimés. Ils cèdent la place à une organisation réflexive du travail dans laquelle le
montage complet des voitures est assuré en station fixe par deux ou quatre ouvriers. Ces derniers maîtrisent
les savoirs-faire concernant l ensemble du cycle de fabrication et autogèrent l organisation du travail en
rendant inutile la structure hiérarchique traditionnelle de contrôle. Malgré une productivité et une qualité de
la production supérieure à celle des autres usines du groupe, l usine d Uddevalla sera fermée en 1993. La
raison principale tient, selon Gorz, au changement du contexte économique et social. Conçu dans une
situation de plein emploi et de rapports de force favorables aux salariés, ce modèle productif novateur
instaurait un « pouvoir ouvrier » sur la production qui a finalement paru comme dangereux à la direction du
groupe. Avec la montée du chômage et de la précarité, « il n était plus nécessaire d offrir des conditions
attrayantes à la main-d uvre pour la stabiliser et l amener à s impliquer », ibid. p. 64.
20 Critique de la division du travail, op. cit., p. 95.
21 Seuil, Paris, 1969.
22 Métamorphoses du travail, op. cit., p. 75.
23 Capitalisme, socialisme, écologie, op. cit., p. 183.
24 « Les Trois Vies d André Gorz », Alternatives économiques, n° 263, novembre 2007.
25 Les Chemins du paradis, op. cit., p. 70.
26 Ibid., p. 70-71.
27 « Entretien avec André Gorz », loc. cit., p. 224.
28 En particulier avec Antonio Negri et Jean-Marie Vincent, qui sont aussi les directeurs de la revue.
Rappelons également que Gorz livra à la revue Alice, en 1998, un premier entretien sur ces thématiques.
29 Le concept de « capitalisme cognitif » a été forgé par l économiste Enzo Rullani. La thèse du capitalisme
cognitif a ensuite été élaborée et systématisée comme le schéma de lecture d une nouvelle forme du
capitalisme par les chercheurs de l équipe ISYS du Matisse-CES de l université Paris-1. Ce programme de
recherche a été présenté pour la première fois en 2001, lors du Forum de la régulation :dans un article
collectif rédigé par : Antonella Corsani, Patrick Dieuaide, Maurizio Lazzarato, Jean-Marie Monnier, Yann
Moulier-Boutang, Bernard Paulré, Carlo Vercellone « Le capitalisme cognitif comme sortie de la crise du
capitalisme industriel. Un programme de recherche », Actes du Forum de la Régulation, Paris, 2001. Il a
donné lieu depuis à la publication de nombreux ouvrages et articles, notamment dans les revues Multitudes,
Posse, Historical Materialism, European Journal of Economic and Social System.
30 Carlo VERCELLONE, « La thèse du capitalisme cognitif. Une mise en perspective historique et théorique »,
in Gabriel COLLETIS et Bernard PAULRE (sous la dir. de), Les Nouveaux Horizons du capitalisme. Pouvoir,
valeurs, temps, Economica, Paris, 2008, p. 71-95.
31 L Immatériel, op. cit., p. 47.
32 Ibid., p. 11.
33 Ibid., p. 80.
34 Misères du présent, richesse du possible, op. cit.
35 « Économie de la connaissance et exploitation des savoirs », loc. cit., p. 206.
36 Ibid.
37 L Immatériel, op. cit, p. 73.
38 Ibid. p. 76.
39 « Économie de la connaissance et exploitation des savoirs », loc. cit., p. 214.
40 L Immatériel, op. cit.
41 Ibid., p. 40.
42 Écologica, op. cit. p. 27.
43 Ibid.
44 L Immatériel, op. cit, p. 55.

No hay comentarios:

Publicar un comentario